Publié par : Hervé | 15 décembre 2009

Courage, Johnny n’est pas mort

Le SNJ-CGT vient de dénoncer « les graves dérives de l’information spectacle » au sujet du traitement médiatique de la maladie de Johnny Halliday. C’est d’habitude un reproche que les journalistes adressent aux professionnels de la communication qu’ils taxent de privilégier la mise en scène de l’information pour masquer un contenu creux et vide de sens. Mais aujourd’hui, sur ce sujet, ce sont bien eux les acteurs de cette dérive.
C’est vraiment le monde à l’envers mais il n’est jamais trop tard pour se poser les bonnes questions. Qui fait la poule et qui fait l’œuf ? Et si cette mise en scène des agences de RP était devenu le passage obligé pour rendre l’information plus sexy pour le lecteur et faire qu’elle ait droit à un traitement médiatique ?
En lisant récemment le palmarès des prix décernés par Stratégies dans le domaine des relations publiques, je me disais tristement que ces prix récompensaient plus un travail d’agence événementiel que celui qui consiste à fournir une information originale et de qualité au monde journalistique. Mais est-ce bien cela qu’attendent encore des journalistes qui n’ont matériellement plus le temps de faire un véritable traitement de l’information ?
C’est vrai, l’émotion a remplacé la réflexion et il est plus payant de fournir du frisson à bon compte que de faire un véritable travail d’investigation ou de nourrir un dossier complexe.
La crise des médias est passée par là, mais au fait, est-ce une cause ou une conséquence ?
Est-ce qu’on fabrique un journal médiocre parce qu’on n’a plus les moyens d’en faire un bon ou est-ce qu’on n’a plus les moyens de réaliser un bon journal parce qu’on a privilégié une rentabilité à court terme au détriment de la qualité rédactionnelle ?
Avant de se renvoyer perpétuellement la faute les uns sur les autres dans une tentative un peu désespérée de trouver un coupable à cette situation catastrophique, il serait bon de faire le ménage devant sa porte et de s’interroger chacun dans notre sphère de responsabilité sur ce que nous pouvons entreprendre pour essayer de modifier le cours des choses.
Heureusement, Johnny n’est pas mort, il y a encore de l’espoir.


Réponses

  1. « Mais aujourd’hui, sur ce sujet, ce sont bien eux les acteurs de cette dérive. » Ca ne date pas d’aujourd’hui et ça ne se cantonne pas à ce sujet.

    Votre réflexion sur la genèse de cette dérive est intéressante et il me semble qu’elle provient en partie des modèles économiques qui sont axés sur l’audience de masse et donc sur une accessibilité des données (je n’ose même plus les appeler « informations ») par le plus grand nombre le plus vite possible. Donc on tape dans l’émotion et non plus dans la réflexion.


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