Publié par : Alexis | 12 août 2008

Haro sur Manaudou !!!

L’hallali n’a pas encore sonné mais les premières notes se font déjà entendre dans nos médias matinaux et vespéraux… Laure ne rime plus avec Or, le temps est venu de brûler l’icône, de jeter aux orties l’étendard jusque là fièrement brandi de notre supériorité nationale.

Mais elle l’a bien cherché, non ?

Comment ose-t-elle nous faire l’affront de ridiculiser la Mère Patrie devant les caméras du monde entier ? Comment ose-t-elle, du haut de ses 21 ans, ne pas faire preuve de la maturité que donne cet âge avancé pour mettre de côté ses petits tracas personnels et faire briller la France (que sont quelques photos nues et des billevesées sentimentales comparées au destin national?) ? Comment ose-t-elle se montrer faillible alors que le reste de la Nation avait daigné lui accorder sa confiance (surtout quand on voit tout l’argent que cela lui a rapporté, bouh, sale ! pas bien !) ?

Bref, qui a donné l’autorisation à cette morveuse de nous trahir ainsi ?!?

Voilà en gros ce que nous allons entendre/lire/voir en filigrane durant les semaines à venir sur toutes les ondes, tous les journaux, toutes les chaînes. Comme à leur habitude, les médias et plus largement les Français, si prompts à s’enflammer et à porter aux nues ses héros, vont se retourner contre Laure avec les mêmes excès qui les avaient fait la sacraliser.

Oublié le palmarès sans égal de cette jeune nageuse, évacués les moments de bonheur intense qu’elle nous a permis de vivre et surtout mis de côté les raisons qui peuvent avoir fait dérailler une machine jusqu’à présent si bien huilée.

Mais voilà bien le noeud du problème : nous n’avons pas ici affaire à une machine mais à un être humain avec ses forces et ses failles. Dans le cas présent, une gamine qui n’a connu que l’odeur du chlore et la pression de l’entraînement et des compétitions depuis l’âge de 14 ans soit un tiers de sa vie. La question n’était pas de savoir si elle se fissurerait un jour mais bien de savoir quand.

Les annales du sport moderne regorgent d’exemple de ces enfants champions sacrifiés sur l’autel des médailles. Si la plupart ne sont pas connus du grand public, faute de médiatisation, certains ont fait les gros titres dans les sports les plus suivis. Les Becker, Capriati, Agassi, Hingis du tennis trouvent un écho dans la majorité des sports individuels. Ces derniers ont su et pu rebondir, offrant ainsi à leurs bourreaux des happy end inespérés, mais combien ne se sont jamais relevés ?

Si nous devons pardonner à la foule imbécile ses réactions primitives d’adulation et de rejet (voir pour illustration les commentaires affligeants sur le blog olympique de Laure Manaudou), il n’est pas acceptable que nos médias et toute leur armada de consultants, spécialistes, etc. nourrissent ces instincts animaux à coup de tribune assassine. La meute a senti l’odeur du sang et déjà elle se prépare à frapper…

Laure Manaudou mérite mieux que cette gestion à court terme de l’actualité et l’absence de recul qui semble caractériser le traitement de l’actualité sportive.

Malgré ces faux-pas pékinois, Laure Manaudou est une grande championne, l’une des plus grandes que nous ayons eu la chance d’avoir en France. Grâce à son parcours unique et couronné de succès, elle a fait exploser la notoriété de la natation et a conduit des milliers d’enfants vers les clubs de toute la France. Elle a permis à des millions de personnes de vibrer à l’unisson lors des ses victoires. Rien que pour cela, nous devrions faire preuve envers elle de respect, de soutien, d’encouragements et d’indulgence. Mais n’est-ce pas ce que nous nous devons les uns les autres ?

Courage Laure et merci pour tout !

*****
A seulement 21 ans, Laure Manaudou possède un palmarès impressionnant : lors des JO d’Athènes de 2004, Championne Olympique à 17 ans sur 400m, vice championne olympique sur 800m nage libre et le bronze sur le 100m dos. Championne du Monde en 2005, quadruple Championne d’Europe en 2006, double Championne du Monde en 2007 et Championne d’Europe en 2008.


Réponses

  1. Ce serait en effet une erreur que de brûler aujourd’hui celle que nous avons tant adoré hier.

    Oui, Laure a eté humaine. Et l’humain est faillible.
    Laure a préféré sa vie de femme à celle de championne.
    Et Laure paye aujourd’hui le prix de décisions hasardeuses depuis 18 mois – quitter Lucas, partir en Italie, revenir en France, changer 4 fois d’entraîneur en 15 mois, etc. Des décisions qui inquiétaient les observateurs avisés depuis plusieurs mois.
    Autant d’informations d’ailleurs que nous donnaient les journalistes sportifs, nous alertant sur le fait qu’elle risquait de ne pas être prête.
    Tu admettras, Alexis, qu’il ne s’agit pas là de gestion à court terme de l’actualité.

    Le talent lui avait permis de tout gagner.
    Mais ce talent s’accompagne depuis toujours de beaucoup de travail.

    Je suis d’ailleurs étonné, Alexis, te connaissant, que tu ne dises rien sur le fait que dans le même temps, Phelps enquille tous les matins, sans faillir, médailles et records du monde.

    Difficile aussi de ne pas avoir une pensée pour Jeannie Longo qui à 49 ans, finit 4e du contre-la-montre, quand à 21 ans, Laure se demande si elle va continuer de nager.

    Je constate tout ceci, sans juger. Car quand Laure gagne, ou perd, c’est avant tout pour elle.
    Sa carrière sportive et ses victoires n’appartiennent qu’à elle.

    Et nous ne sommes pas a même de juger, nous qui n’avons jamais côtoyé les exigences du sport de haut niveau.

    Oui, Laure reste la plus grande championne que la natation française ai connu. Je lui souhaite de tout cœur de retrouver le goût au travail et à la victoire, et ne pas partir sur cette désillusion.

    Guy Carlier lui a adressé une belle lettre d’amour (http://www.dailymotion.com/video/k5ovkREjFvjY3YJbJD) qui résume bien notre pensée – et dans un style de bien meilleure qualité que le mien.

    Bonne chance Laure.

  2. Difficile d’être champion en France. Les commentateurs ne font ni dans la finesse ni dans ma mesure.

  3. merci Laure d’avoir mis les projecteurs sur la Natation Française
    Ne permettons pas aux médias de brûler ce que nous avons aimé.

  4. @ Laurent : pourquoi surpris ? Je ne faisais pas un compte-rendu des JO 😉 – je ne cache pas cependant mon admiration pour un nageur aussi complet que Phelps. Sa technique sur les virages est jusqu’à présent inégalée et il a un moral d’acier. Good luck to him.

    Petit message en passant : bravo à Alain Bernard pour sa super prestatio de cette nuit !

    Et courage à Laure pour les séries du 200 dos !

  5. D’accord avec Elisabeth, on brûle ce qu’on a encensé. On oublie trop vite bon nombre de prouesses (cf Thuram, Viera, Desailly). Pas facile la vie de star du sport, on peut se permettre beaucoup moins d’écarts que les dirigeants (cf Max Mosley ;-))

  6. Elle est quand même une grande sportive, juste assez humaine pour être très émotive 🙂

  7. Parent de nageuse, je sais ce que représente la natation, alors Laure n’abandonne pas tu es toujours la plus forte.

  8. Allez, j’ajoute ma pierre à l’édifice glorieux d’Alexis…

    Manaudou a fait couler bien plus d’encre que d’eau : les reproches pleuvent, les manifestations de soutien aussi, presque jusqu’à atteindre une cacophonie polémique presque comparable à celle qui a entouré I. Bétancourt (au nombre de unes de ParisMatch en tous cas ;-).
    A deux différences près : à l’inverse exact, l’héroïne canonisée devient l’ange déchu ; au contraire de l’exigence de vérité qui a motivé les critiques à propos des péripéties de l’ex-otage, on jurerait que le brouhaha savamment organisé par les médias autour de l’ex-championne n’ont pour but que de dissimuler un état de fait beaucoup plus simple (l’échec) et pourtant beaucoup plus gênant que des cachotteries diplomatiques…

    Au lieu d’asseoir un talent inatteignable et qui reste donc sa propriété exclusive, Laure Manaudou nous tend le miroir de nos propres faiblesses humaines, de celles qu’on voudrait bien qu’elles soient restées rien qu’à elle.
    Perversion de l’identification : on ne demande que cela afin de partager au moins du bout des lèvres l’ambroisie des dieux olympiques, mais cette fusion virtuelle vaut pour le meilleur et pour le pire – tiens, il n’y a plus personne ?

    La preuve en quelques points :

    Tout au long de son (court) blog, notre nageuse favorite –oups ! honnie- n’a cessé de parler de retrouver de « bonnes sensations » qui, n’étant pas au rendez-vous, l’ont coulée plus sûrement qu’une chape journalistique de béton. Cette revendication égoïste du plaisir sportif, d’aucuns l’ont revendiqué face à l’armada chinoise qui connaissait l’abnégation, l’acharnement, etc. mais pas la jouissance profonde de la bataille et peut-être de la victoire. Idéal d’amateurisme vs patriotisme exacerbé. Or, notre meilleure chance de distinction -ou méthode Coué- s’est retournée comme un gant : voilà que le plaisir ne fait plus assez sérieux, et que par-delà cette façade personne n’est dupe du fait que le plus important est désormais de gagner. De l’enrichissement humain d’avoir participé et appris au contact de ses adversaires, nul ne l’évoque – de peur sans doute de faire preuve d’un utopisme désuet à l’heure de la semi-déroute sportive et de la rumeur persistance des débats politiques. Le grand écart pourrait-il se maintenir sans la magie festive qui entoure les JO ?

    Dans la même veine des « tut tut cette petite n’est pas sérieuse » qui fleurissent abondamment, les multiples caprices et histoires de cœur de mademoiselle –bien résumés par Laurent- ne sont pas pour la réhabiliter. Les feux de l’amour se noient dans un verre d’eau (chlorée). Pourtant, qui ne les pardonnerait pas à une jeune fille de 21 ans ordinaire ? Devrait-elle être séparer de la sportive par une frontière imperméable, et est-ce seulement possible ? C’est le mélange des deux qui en a fait la coqueluche –éphémère ?- des Français, et qui de même a contribué à sa chute. A part qu’encore une fois le phénomène sent la contradiction à plein nez, il ne faut pas oublier qu’à ce compte, nous sommes tous des Laure Manaudou à notre échelle : qui peut se vanter que son travail reste parfaitement indépendant de ses humeurs personnelles ? Qu’un échec professionnel n’est pas dû même en infime proportion à des soucis privés qui influent sur les compétences et le jugement ?

    A responsabilités excessives, réactions itou : la belle a failli tout lâcher. Après le bûcher, les médias et le public lui tendent un mouchoir, étreints d’angoisse à l’idée de l’avoir noyée pour de bon. Allez Laure, il faut continuer ! … Pourquoi ? Le courage commence souvent où finit la lâcheté : faut-il savoir se retirer avec la dignité de reconnaître ses erreurs, ou continuer vaille que vaille quitte à s’enferrer ? Les deux issues sont aussi incertaines l’une que l’autre, et en faisant l’aller-retour à la frontière des deux, Manaudou montre que dans sa déchéance même elle garde un certain sens de la droiture. D’ailleurs elle reviendra faire du shopping à Londres, espérons-le plus chez Dior que Vuitton. Sa remise en question a été fulgurante et douloureuse, et elle s’en est cependant assez bien sortie ; combien de crises de la trentaine/quanrantaine/etc. ne s’en sont pas remises ?

    Ouf, la nageuse aux ongles impeccablement manucurés a retrouvé la ‘niak’… Blessée dans sa raison d’être, celle-ci a mûri, s’est modifiée, a gagné de savoir maintenant où sont ses faiblesses, et guérira sans doute. Et nous ? Blessés dans notre orgueil de supporters de champions, saurons-nous réinventer la confiance que nous leur portons ?

  9. Après tout, l’essentiel c’est de participer, non?

  10. Manuel (c’est bien toi, f5rle ?), tu étais toi-même champion de natation d’Ile de France, il me semble (oui, ça remonte au collège…) ?

    Tu as déjà fait une petite nageuse ? Si elle se présente aux JO, c’est quand tu veux pour les media trainings en préparation des interviews post-allonzenfants !

  11. DON’T FEED THE TROLL

    Incroyable, ce post. Chaque ligne, ou presque, contient une ânerie.

    DON’T FEED THE TROLL

  12. @ cassiuscraie : content qu’il vous plaise. La profondeur de votre analyse et la qualité de votre illustration me confondent.

  13. DON’T FEED THE TROLL

    Allez expliquer à Steevy du loft en quoi la métaphysique représente (tout comme la religion), une conception inversée des rapports de l’homme au monde, et si vous y parvenez, je promets qu’ensuite je tâcherai d’approfondir non pas mon analyse (fulgurante) mais son explication à l’auteur de ces inepties.

    DON’T FEED THE TROLL

  14. Zzzzzzz…. DON’T FEED THE TROLL, tu m’as perdu à Steevy DON’T FEED THE TROLL.

    Bon, on me dit « DON’T FEED THE TROLL » donc je te souhaite longue vie petit scarabée.

    Et n’oubliez pas : DON’T FEED THE TROLL


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